Depuis quelques années, le calendrier viticole est bousculé ; il prend de l’avance, certains diront inéluctablement.
Dès lors, peut-on encore parler de vendanges précoces, ou les vendanges en août sont-elles devenues la norme ?
Pourquoi les vendanges commencent-elles plus tôt ?
Pas trop de surprise si nous avançons que le principal facteur de ce changement est le réchauffement climatique. Chaque année, les températures moyennes augmentent et les épisodes de chaleur intense se renouvellent.
L’impact sur la vigne est direct : les fruits mûrissent plus vite et obligent ainsi les viticulteurs à avancer les dates de vendanges afin de récolter les raisins avec une maturité optimale.
D’exceptionnelles, et réservées à des années particulièrement chaudes, les vendanges en août sont donc devenues courantes.
Peut-on pour autant parler de nouvelle norme ?
Une norme relative parce qu’il existe encore des variations, d’une région à l’autre notamment.
Plus on s’éloigne des régions méridionales, plus l’ « ancienne » norme prévaut. Les vendanges en Alsace ont par exemple débuté le 29 août et vont se poursuivre jusqu’au 9 septembre.
Il existe également des différences d’un cépage à l’autre.
Sur l’île Saint-Honorat, nous nous attaquerons à la Clairette mi-septembre alors que pour la Syrah, le Pinot noir et le chardonnay, les dégustations en cave ont déjà débuté.
Et en termes de dégustation, quel impact ?
Des questions d’équilibre se posent par exemple ; en effet, on dit habituellement que des fruits qui ont mûris trop vite peuvent manquer d’équilibre entre le sucre (l’alcool) et l’acidité. Une teneur en sucre (et donc en alcool) trop importante va donner des vins trop lourds à la dégustation. Au contraire, trop d’acidité peut engendrer des vins trop agressifs. Dans les deux cas, la magie n’opère pas.
Vendanges en août dans le vignoble de l’Abbaye de Lérins : le mot de l’œnologue
Hugo Millet
" Nous sommes sur le point de terminer les vendanges. Elles ont été précoces et marquées par une chaleur intense, mais le millésime a également été influencé par des pluies abondantes. Cela constitue une des conséquences du changement climatique, avec des régimes de pluie changeants. Cela nous a poussé à être très vigilants face au risque de mildiou. Une fois le danger écarté, les précipitations se sont avérées bénéfiques dans l'ensemble. Les baies et les grappes sont plus grosses, à l'exception de la syrah, qui n’a pas apprécié le mauvais temps durant la floraison. Cela a entraîné une coulure et du millerandage, soit une mauvaise fécondation et un avortement des fruits, occasionnant une diminution de la récolte. Les raisins sont bien partis en fermentation, et la dégustation des cuvées laisse entrevoir un millésime aromatique, équilibré et prometteur ! "