Vin de garde, on fait le tour de la question en se demandant comment le définir, mais aussi comment le déguster.

Avec un focus sur les vins de l’Abbaye de Lérins, dont Hugo Millet, œnologue du vignoble éponyme, parle le mieux.

Bonne lecture.

Qu’est-ce qu’un vin de garde ?

C’est un vin qui peut être conservé plusieurs années en cave. Entre 3 et 20 ans… selon les vins. On parle de moyenne, de longue et de très longue garde. Tous les vins ne peuvent pas être un vin de garde. Il faut que ce dernier ait une structure suffisante pour se bonifier.

Plusieurs critères sont considérés

-       L’acidité

-       Les tannins

-       Les arômes

Avec le temps, l’acidité s’équilibre, les tannins s’adoucissent et les arômes puissants deviennent plus complexes.

Par quel phénomène magique un vin devient-il de garde ?

Le vin est une matière vivante qui continue d’évoluer après sa mise en bouteille ; on parle de maturation.

Les facteurs qui jouent sont multiples : le terroir, les cépages, le millésime, la méthode de vinification, l’influence du fût de chêne, l’âge des vignes, le savoir-faire du vigneron, … et évidemment la conservation.

Par exemple, si on s’attarde sur la technique de vinification : plus le temps de macération est long plus le vin aura de la structure (tannins et composés phénoliques), due à un contact plus long avec la peau des raisins.

Quant au fut de chêne, il permet au vin de mieux s’oxygéner et d’être plus résistant à l’oxydation. Le fut de chêne apporte aussi des arômes un peu différents, plus ronds.

Pourquoi déguster un vin de garde ?

On ne boira pas un vin de garde et un autre avec le même objectif. 

Par exemple, on peut chercher à partager un vin rafraîchissant, vif et gourmand, le temps d’un apéritif ou d’un repas entre amis. 

Dès lors que l’on parle de vin de garde, des notions de dégustation, de recherche de structure et de complexité, à marier avec un menu, qui aura peut-être lui aussi un peu plus de corps, sont à l’ordre du jour !

En résumé, la fraîcheur versus la rondeur, la vivacité versus l’équilibre et la suavité.

Quelques mots à connaître 

L’apogée, c’est-à-dire, ce moment, un peu magique où le vin a atteint son potentiel gustatif maximum. On dit aussi qu’il est arrivé à maturité 

La maturation : on parle aussi d’épanouissement. Le vin s’enrichit en sucre et perd une partie de son acidité. Il développe toute une palette d’arômes. La maturation en fûts de chêne.

Et dans le vignoble de l’Abbaye de Lérins ?

Il existe en France des régions vinicoles propices à produire des vins de garde. La Bourgogne en fait partie.

Qu’en est-il de l’île Saint-Honorat ?

C’est Hugo Millet, œnologue du vignoble de l’Abbaye de Lérins, qui en parle évidemment le mieux : « On me demande souvent combien de temps telle cuvée ou telle cuvée peut se garder, il n’y pas de règle, c’est empirique. Nous travaillons les vins à l’Abbaye pour qu’il puisse vieillir, bien vieillir. Des vins vifs, des structures importantes, des aromatiques généreuses, c’est une chance que les moines laissent du temps au vin. 

La communauté est sur l’île depuis des siècles. Elle choisit des élevages longs en fût de plus de 20 mois, souvent complétés d’un élevage bouteille d’une année avant de libérer les vins. Peu de domaine se permettent encore ce travail, et cela se reflète dans le verre.

 J’ai eu la chance de déguster des cuvées Saint Lambert de plus de 20 ans. Le mourvèdre prend tout son sens avec des arômes tertiaires de sous-bois, de tabac, de tapenade, complétés par une belle fraicheur.

Je vous invite donc à « oublier » les vins pendant quelques années dans une bonne cave à une température stable et une hygrométrie relativement élevée. Ils se rappelleront à vous dans quelques années avec des gens que vous aimez. »